Mieux vivre avec de l’asthme en améliorant la qualité de l’air intérieur
L’asthme est une maladie respiratoire chronique qui affecte des millions de personnes dans le monde. Cette affection se manifeste par une inflammation des voies respiratoires, provoquant des symptômes tels que la respiration sifflante, l’essoufflement, la toux et une sensation d’oppression thoracique.
Si les crises d’asthme peuvent être déclenchées par divers facteurs extérieurs comme le pollen, la pollution atmosphérique ou l’effort physique, la qualité de l’air intérieur joue également un rôle fondamental dans la gestion de cette maladie. En effet, nous passons en moyenne 90 % de notre temps à l’intérieur de bâtiments, dont les 2/3 dans notre logement et environ 40% dans nos chambres.
Ainsi, pour prévenir l’asthme, il est donc essentiel de comprendre l’impact de l’environnement domestique sur cette pathologie.
Asthme et qualité de l’air intérieur : Un lien de causalité indéniable
La qualité de l’air intérieur dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels la présence de composés organiques volatils (COV) et d’allergènes comme ceux provenant des acariens, des chiens et des chat. Ces polluants chimiques et biologiques de l’environnement intérieur participent non seulement à l’aggravation de l’asthme, mais peuvent également provoquer des crises chez les personnes sensibles.
Les COV : Un risque sous-estimé pour l’asthme
Les COV sont des substances chimiques émanant de produits et matériaux courants dans nos logements : peintures, vernis, produits ménagers, meubles, tapis, produits cosmétiques, parfums, huiles essentielles…
Parmi les COV, on retrouve des composés tels que le formaldéhyde, le benzène ou encore le toluène, dont l’inhalation à long terme peut irriter les voies respiratoires et déclencher des crises d’asthme. Les personnes asthmatiques sont particulièrement sensibles à ces émanations.
Il est aujourd’hui reconnu que les COV présent dans l’air intérieur agissent comme facteurs déclenchants et aggravants des pathologies respiratoires comme l’asthme et la BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive). Il est donc essentiel de limiter leur présence dans l’air intérieur pour prévenir les crises d’asthme.
Les allergènes d’acarien : des déclencheurs fréquents d’asthme
Les acariens sont des micro-organismes invisibles à l’œil nu. Ils se nourrissent des squames de peau et prolifèrent dans les endroits chauds et humides, notamment dans la literie, les tapis, les rideaux et les coussins.
Selon les autorités de santé, les allergènes d’acarien sont à l’origine de 50% des crises d’asthme. Dans l’environnement intérieur, ils sont principalement présents dans les déjections d’acariens et les corps d’acarien en décomposition.
Deux allergènes d’acarien ont été mis en évidence pour leur responsabilité dans l’asthme : Der p1 provenant des espèces Dermatophagoides pteronyssinus et Der f1 provenant des espèces Dermatophagoides farinae. Ces deux espèces domestiques sont dominantes dans les environnements intérieur.
Les allergènes d’acarien sont des protéines qui sont présentes dans les poussières domestiques.
L’exposition aux allergènes d’acarien est un facteur déclenchant des crises d’asthme chez les personnes allergiques. Ils constituent une menace d’autant plus importante que nous passons environ un tiers de notre temps à dormir dans nos chambres à coucher, un espace propice à leur développement.
Les animaux domestiques : Attention aux allergènes de chien et de chat
Les animaux domestiques comme les chiens et les chats sont fréquents dans les logements.
Les allergènes de chat (Fel d1) seraient responsables de plus de 25% des crises d’asthme devant les allergènes de chien (Can f1). Ils sont principalement présents dans la salive de ces animaux et se transfèrent sur leur poils lorsqu’ils se lèchent.
Comme les allergènes d’acarien, il s’agit de protéines et sont également présentes dans la poussière des logements.
Ils peuvent se propager rapidement dans toute la maison, et se retrouver dans les textiles, la literie et même l’air ambiant, aggravant les symptômes des asthmatiques.
Comment améliorer la qualité de l’air intérieur pour mieux vivre avec l’asthme ?
Pour les personnes asthmatiques, il est essentiel de prendre des mesures afin de limiter l’exposition aux allergènes et aux polluants à la maison, en particulier dans la chambre à coucher. Voici quelques conseils pratiques pour améliorer la qualité de l’air intérieur et ainsi réduire les risques de crises d’asthme.
Ventilation régulière et efficace
Une bonne aération est essentielle pour renouveler l’air intérieur et réduire la concentration de COV et d’allergènes. Il est recommandé d’aérer son logement au moins 10 à 15 minutes par jour en créant un courant d’air, même en hiver, idéalement deux fois par jour. Pensez aussi à aérer votre chambre tous les matins après votre réveil.
En effet, l’air extérieur est très souvent moins pollué que l’air intérieur et l’apport d’air extérieur dans un logement permet de diluer la pollution de l’air intérieur à des niveaux présentant moins de risque pour la santé des occupants.
La durée de 10 à 15 minutes est le meilleur compromis entre un renouvellement de l’air efficace et l’optimisation des pertes énergétiques.
Réduire l’humidité pour limiter la prolifération des acariens
Les acariens aiment les environnements chauds et humides pour proliférer. Maintenez un taux d’humidité inférieur à 50 % en utilisant, si nécessaire, un déshumidificateur. Une station météo basique permet de connaître précisément le taux d’humidité dans l’air intérieur.
Après votre nuit, il est indispensable d’aérer son lit afin d’éliminer l’humidité liée à la transpiration. Cette action permettra également de diminuer la température donc de limiter les conditions favorables au développement des acariens.
Enfin, évitez de faire sécher du linge à l’intérieur, surtout dans la chambre à coucher. Cette action est à la fois utile pour limiter la prolifération des acariens et réduire le risque de développement des moisissures pouvant également être allergisante.
Choisir des matériaux et des produits sans COV
Lors de travaux de rénovation ou de décoration, privilégiez des peintures, colles et vernis avec des teneurs faibles en COV ou à faible émission de composés toxiques.
Depuis 2012, il existe un étiquetage obligatoire pour les matériaux de construction, de rénovation et de décoration. Privilégiez les produits étiquetés avec un indice A+ garantissant une faible émission de COV. Il est également indispensable de bien aérer son logement pendant et après l’application de ces matériaux.
De plus, limitez l’utilisation de produits ménagers agressifs. Optez pour des produits naturels, comme le vinaigre blanc ou le bicarbonate de soude, qui sont non seulement plus écologiques mais également sans danger pour la santé respiratoire.
Par ailleurs, le mobilier, en particulier celui en bois non brut (aggloméré, mélaminé, MDF, collé …) car il contiennent des COV comme le formaldéhyde utilisé comme colle pour leur fabrication. Le mieux est de laisser dégazer le mobilier neuf pendant une semaine dans un lieu aéré ou d’acheter du mobilier d’occasion.
Un nettoyage fréquent et adapté
Les allergènes sont présents dans la poussière de votre logement. Il est donc important de passer régulièrement l’aspirateur équipé d’un filtre HEPA (à changer régulièrement), capable de capturer les particules fines de poussière contenant les allergènes d’acariens, de chats et de chiens.
Pour la literie, lavez les draps, les oreillers et les housses de matelas chaque semaine à 60 °C pour éliminer les acariens. Un lavage à une température inférieure à 40°C est moins efficace et à ces température c’est surtout l’action mécanique du lavage qui permet d’éliminer les allergènes.
Les tapis et rideaux, véritables nids à allergènes, devraient être nettoyés fréquemment ou remplacés par des alternatives plus hygiéniques comme des stores.
Privilégier des textiles hypoallergéniques dans la chambre
Optez pour des housses antiacariens pour vos oreillers et matelas. Ces housses spécifiques sont conçues pour empêcher la prolifération des acariens et limiter leur contact avec votre peau et vos voies respiratoires. Évitez les peluches ou objets textiles inutiles qui peuvent accumuler les allergènes.
Attention dans le choix des literies antiacarien, il est recommandé de ne pas utiliser de produits traités avec des insecticides comme la perméthrine et autres pyrethrinoïdes. Ceux-ci sont toxiques et vous y serez exposé chaque nuit pendant votre sommeil.
Limiter la présence des animaux domestiques dans les chambres
Si vous avez des animaux domestiques, il est préférable de leur interdire l’accès à la chambre à coucher, un espace où vous passez une grande partie de votre temps. Si ce n’est pas possible, nettoyez fréquemment les surfaces textiles et brossez vos animaux régulièrement pour réduire la quantité de poils et de squames dans l’air.
Utiliser un purificateur d’air
Les purificateurs d’air équipés de filtres HEPA peuvent être très efficaces pour éliminer les particules de poussière contenant les allergènes.
Une filtration de l’air avec du charbon actif permet de diminuer les COV présents dans l’air intérieur.
Il est donc utile pour les personne allergiques de disposer un purificateur d’air dans leur chambre pour assainir l’air pendant la nuit et limiter ainsi l’exposition aux allergènes.
En conclusion, mieux vivre avec de l’asthme passe inévitablement par l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. En réduisant les sources de COV et d’allergènes, notamment dans la chambre à coucher, il est possible de limiter l’apparition des symptômes et des crises.
En appliquant ces conseils au quotidien, vous pourrez profiter d’un environnement domestique plus sain et apaisant, tout en réduisant les risques liés à l’asthme. La gestion de cette pathologie implique une vigilance constante, mais des gestes simples peuvent faire une grande différence pour votre bien-être respiratoire.
Enfin, pour terminer, il est essentiel d’informer votre médecin traitant ou votre allergologue des actions que vous avez mis en place pour améliorer la qualité de l’air intérieur de votre logement.
Crédit photo Allen Taylor sur Unsplash
Sources : Quels sont les effets de la pollution de l’air intérieur sur la santé ? (santepubliquefrance.fr)
Pollution de l’air intérieur et asthme chez l’adulte (splf.fr)