Retardateurs de flamme : Bénéfice de sécurité et risques pour la santé
Les retardateurs de flamme sont des composés chimiques largement utilisés dans les produits de consommation courante pour protéger la population des incendies. Leur fonction principale est de ralentir ou d’empêcher la propagation des flammes, ce qui permet de gagner un temps précieux en cas de feu. Pourtant, malgré leur rôle crucial en matière de sécurité, ces substances sont aujourd’hui au cœur de préoccupations croissantes concernant leurs effets potentiels sur la santé humaine. Une exposition chronique à certains types de retardateurs de flamme pourrait avoir des conséquences néfastes sur le bien-être des individus, en particulier les plus vulnérables.
Que sont les retardateurs de flamme ?
Les retardateurs de flamme sont incorporés dans une large gamme de produits afin de réduire leur inflammabilité. Ils sont souvent présents dans :
- Les textiles (vêtements, rideaux, tapis)
- Les mousses dans les meubles rembourrés (canapés, matelas)
- Les appareils électroniques (téléviseurs, ordinateurs, téléphones)
- Les matériaux de construction (panneaux isolants, câbles électriques)
Leur objectif est de ralentir la propagation du feu en agissant à différents niveaux du processus de combustion. Ils peuvent refroidir le matériau, former une barrière protectrice à la surface de celui-ci, diluer les gaz combustibles ou interrompre les réactions chimiques qui entretiennent la flamme.
Les retardateurs de flamme peuvent être classés en plusieurs catégories, dont les plus couramment utilisés sont les retardateurs halogénés (ils contiennent du brome et du chlore), les retardateurs à base de phosphore (organophosphorés), et les retardateurs inorganiques comme les hydroxydes métalliques. Certains retardateurs de flamme appartiennent à différentes famille : organophosphoré et organochloré comme le TECP (Tri-Chloro-Ethyl-Phosphate).
Du fait de leur structure chimique, les retardateurs de flamme sont essentiellement des composés organiques semi volatils (COSV) fixés sur les particules de poussière.
Quels sont les bénéfices des retardateurs de flamme en matière de sécurité ?
Les retardateurs de flamme sont essentiels pour réduire les risques d’incendie dans de nombreux contextes domestiques et professionnels. Par exemple, les meubles traités avec des retardateurs de flamme prennent plus de temps à s’enflammer, ce qui offre aux occupants davantage de temps pour évacuer en cas de feu ou simplement éteindre le feu. Dans le domaine de l’électronique, ces composés protègent contre les incendies causés par des surchauffes, des courts-circuits ou des dysfonctionnements des appareils. Ils sont également largement utilisés dans les transports, pour garantir la sécurité des passagers en cas d’incident.
Des risques sanitaires très préoccupants
Malgré leur utilité, de nombreuses études mettent en lumière les effets potentiellement toxiques des retardateurs de flamme sur la santé humaine, notamment en cas d’exposition chronique.
Certains retardateurs, en particulier les PBDE (Poly-Bromo-Diphényl-Ethers) et d’autres retardateurs halogénés ou phosphorés, peuvent s’accumuler dans l’organisme au fil du temps et provoquer des effets indésirables.
Perturbation endocrinienne
De nombreux retardateurs de flamme, tels que les PBDE, sont reconnus comme des perturbateurs endocriniens par les autorités sanitaires, c’est-à-dire qu’ils interfèrent avec le système hormonal. Ces perturbations peuvent affecter notamment le fonctionnement de la glande thyroïde et la régulation des hormones sexuelles.
Il en résulte des risques de troubles de la fertilité, altération du développement cérébral chez les enfants, dysfonctionnement de la thyroïde.
Neurotoxicité des retardateurs de flamme
Des études ont démontré que l’exposition à certains retardateurs de flamme pendant la grossesse ou dans les premières années de vie peut nuire au développement du cerveau des enfants.
Les conséquences d’une exposition peuvent alors conduire à des retards de développement cognitif et moteur, troubles de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH), problèmes de mémoire.
Les retardateurs de flamme de la famille des organophosphorés sont reconnus pour être des inhibiteurs de cholinestérase ayant un impact direct sur le fonctionnement normal des neurotransmetteurs.
Cancérogénicité
Certains retardateurs de flamme, comme les PCB (Poly-Chloro-Biphényls), le TCEP (Tris-Chloro-Ethyl-Phosphate) et le TDCPP (Tris-Di-Chloro-Propyl-Phosphate), sont classés comme cancérogènes possibles ou probables pour l’homme.
L’exposition chronique à ces produits chimiques peut provoquer l’augmentation du risque de cancers du foie, des reins et des organes reproducteurs.
Toxicité reproductive et développementale
L’exposition chronique aux retardateurs de flamme peut également affecter la fertilité et causer des anomalies dans le développement fœtal.
Il s’agit ici de risque d’infertilité, de malformations congénitales, de retards de croissance et de naissance prématurée.
Troubles métaboliques
Certains retardateurs de flamme organophosphorés sont associés à des troubles métaboliques, c’est-à-dire qu’ils modifient et influent sur le métabolisme augmentant les risques d’obésité et de diabète.
Les risques sont principalement un déséquilibre hormonal, une résistance à l’insuline et le développement de maladies métaboliques chroniques.
Comment se produit l’exposition aux retardateurs de flamme ?
L’exposition aux retardateurs de flamme peut se produire par plusieurs voies. Ils sont souvent présents dans l’air et la poussière des maisons, des bureaux et des écoles. L’inhalation ou l’ingestion de particules contaminées, notamment par contact avec les mains ou les objets traités, représente une voie d’exposition majeure.
Pour les retardateurs de flamme bioaccumulables, ils se concentrent dans les denrées alimentaires, en particulier lorsqu’elles sont grâces (riches en limite). En fonction de leur positionnement dans la chaîne alimentaire, la contamination des aliments est variable et il existe des risques liée à l’ingestion de nourriture contaminée.
Les enfants sont particulièrement vulnérables à l’exposition en raison de leur proximité avec les sols et les objets, et de leur tendance à porter les mains à la bouche. Les femmes enceintes et allaitantes sont également à risque, car ces composés peuvent être transmis au fœtus via le placenta ou au nourrisson via le lait maternel.
Choisir entre bénéfice pour la sécurité incendie et principe de précaution pour la santé
Les retardateurs de flamme jouent un rôle crucial dans la prévention des incendies, sauvant potentiellement des vies en ralentissant la propagation des flammes. Cependant, leur usage généralisé dans les biens de consommation pose des questions de santé publique, surtout en ce qui concerne les effets à long terme de l’exposition chronique.
Face aux preuves grandissantes des effets néfastes sur la santé, de nombreux pays ont commencé à restreindre l’usage de certains retardateurs de flamme les plus dangereux, notamment les PCB et les PBDE.
Parallèlement, la recherche s’oriente vers des alternatives plus sûres, qui permettent de maintenir une protection contre le feu tout en minimisant les risques toxiques pour la population et l’environnement. Dans ce contexte, il est crucial de maintenir un équilibre entre la sécurité incendie et la préservation de la santé publique.
Crédit photo : Photo de Nathan Fertig sur Unsplash
Sources : Des retardateurs de flammes pour lutter contre les incendies d’habitation (oqai.fr)