Un cocktail toxique de COSV dans les poussières domestiques

La pollution de l’air intérieur prend de multiples formes. Moins connus que les COV qui sont gazeux, les COSV ou Composés Organiques Semi-Volatils contaminent les poussières des logements. Ces substances chimiques de synthèse peu volatiles se fixent sur les poussières et les particules fines. Lorsque ces particules de poussière sont inhalées, les occupants sont exposés à un cocktail chimique toxique.

image de poussière contenant des COSV toxiques

Les COSV sont des polluants chimiques de l’air intérieur très courants. Ils comprennent de nombreuses familles de produits chimiques ayant des usages, des propriétés et des toxicité très variées (cancérigène, mutagène, reprotoxique, neurotoxique, perturbateur endocrinien). Pour les plus courantes, elles proviennent de l’intérieur des bâtiments et dans une moindre mesure de l’environnement extérieur.

Les études scientifiques sur la pollution de l’environnement intérieur des logements montrent que les polluants les plus fréquents sont :  

Les COSV provenant des plastiques

Ces produits chimiques sont ajoutés aux polymères plastique pour en modifier les propriétés physiques et mécaniques. Il s’agit principalement des phtalates et des bisphénols. Les phtalates sont présents en grande quantité dans les poussière de tous les logements. Cette famille de substances chimiques représente à elle seule plus de 80% de la masse totale de tous les COSV qui contaminent l’environnement intérieur. Ce qui fait des phtalates les premiers polluants organiques des poussières domestiques loin devant les pesticides. Plusieurs dizaines de phtalates sont utilisés dans l’industrie mais quatre phtalates représentent à eux seuls plus de 70% de tous les phtalates qui contaminent les poussières domestiques.

Les phtalates sont particulièrement préoccupants pour la santé des femmes enceintes, de l’embryon, du fœtus et des jeunes enfants. Ces produits chimiques ne sont pas fortement liés fortement au polymère plastique et migrent naturellement dans l’environnement. Cette migration est d’autant plus importante et rapide que le plastique se dégrade.

Les pesticides

Le terme pesticide désigne à la fois des substances dites phytosanitaires pour traiter les cultures et des substances dites biocides pour des usages professionnels et domestiques, autre que l’agriculture. Les pesticides sont présents dans l’environnement intérieur des logements.

Le traitement phytosanitaire par pulvérisation d’une culture à proximité d’un logement produira une contamination persistante de l’environnement intérieur avec des insecticides, des fongicides et des herbicides. Une distance minimum de 100 m permet de réduire significativement la pollution agricole. Il s’agit d’une spécificité des logements situés dans à proximité de champs traités. Le niveau de pollution dépend du type de cultures, les vergers étant les cultures les plus traitées suivies des vignes, des pommes de terre et des cultures de céréales.

Les biocides utilisés à l’intérieur sont principalement des insecticides comme les pyréthrinoïdes (perméthrine, pralléthrine…) utilisés notamment contre les moustiques (prises, spirales, bombe…), les mouches et les guêpes. Des fongicides sont également utilisés de façon intentionnelle pour traiter des moisissures et prévenir leur apparition ou non intentionnelle comme dans les peintures. Enfin certains bois sont traités avec des fongicides et des insecticides. Enfin, des produits chimique très irritants de la famille des thaizolinones (CIT, MIT…) sont également utilisés comme biocides dans les peintures.

Les Polluants Organiques Persistants ou POP

Au cours du siècle dernier, le développement de la chimie a permis des avancées technologiques indéniables. Cependant certains produits chimiques se sont avérés problématiques en raison de leur grande stabilité conjuguée à une toxicité élevée. Également appelé « Polluants Eternels », la convention de Stockholm a initié le recensement de ces substances et alerté les autorités sur leur dangerosité pour l’environnement et par extension à l’Homme.

Parmi ces polluants éternel, le lindane et le pentachlorophénol sont préoccupants pour l’environnement intérieur. En effet, ils ont été largement employés avant leur interdiction pour le traitement des charpentes. Du fait de leur persistance, ils se diffusent continuellement dans l’environnement intérieur.

Les COSV présents comme additifs retardateurs de flamme

Les normes de sécurité actuelles imposent des critères d’inflammabilité pour produits de consommation. Des produits chimiques sont donc utilisés pour traiter les matériaux potentiellement inflammables comme les mousses, les moquettes, les tissus, le bois et le plastique. L’électroménager et les appareils électroniques en contiennent également. Il peut s’agir de dérivés contenant du chlore comme les PCB (Poly-chloro-biphenyl) ou du brome comme les PBDE (Poly-Brominated-Diphenyl-Ether) ou bien du phosphore (organophosphorés). Les PCB et les PBDE sont également des POP. Ils et sont aujourd’hui interdits mais ils ont été largement utilisé dans les produits de consommation.

Les résidus de combustion

La combustion des matières organiques produit des substances chimiques très stables : les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques ou HAP. Ils peuvent ainsi avoir pour origine la cuisson des aliments, l’utilisation de bougies, d’encens ou de papier d’Arménie ou bien le chauffage au bois ou au gaz. Evidemment, ils sont présents en quantité importante après un incendie. Dans ces conditions, ils présentent un risque sanitaire majeur. A noter enfin que le naphtalène a été utilisé comme antimite sous l’appellation naphtaline.

Comme les HAP sont issus de la combustion, une activité industrielle ou artisanale peut rejeter ces substances dans l’air avec un dépôt qui s’accule dans l’environnement intérieur. Un incendie à proximité d’un logement peut également produire une pollution durable à l’intérieur d’un logement.

Les COSV utilisés comme agents odorants

Rappelons avant tout que le propre n’a pas d’odeur. Cependant l’utilisation de COV odorants, comme des huiles essentielles, dans les produits de nettoyage est très courante avec notamment l’odeur d’agrumes (limonène), de pin (pinène) ou d’eucalyptus (eucalyptol)… Avec les COV, l’odeur ne reste pas longtemps, quelques heures tout au plus. Pour que l’odeur soir plus persistante dans le temps, des muscs polycyclique (galaxolide, tonalide…) sont désormais ajoutés dans les produits de nettoyage. Leur point d’ébullition beaucoup plus élevé que les COV leur confère une odeur persistante.

Les additifs antitaches et imperméabilisants

Avoir des tissus d’ameublement avec des propriétés antitache, des vêtements imperméables ou des poêles antiadhésives est très séduisant. Cependant le revers de la médaille c’est que les produits chimiques utilisés sont particulièrement peu sympathiques : les perfluorés ou PFAS. Il s’agit notamment des PFOS et le PFOA, aujourd’hui interdits. Utilisés très largement dans les produits de consommation courante, ils polluent de façon durable l’environnement intérieur des logements.

Vous l’aurez compris, les poussières domestiques peuvent contenir un grand nombre de polluants chimiques. Il est donc important d’une part de limiter les sources de pollution et d’autre part d’aérer son logement pour éviter leur accumulation dans l’air intérieur. En raison de leur prédominance dans les poussières, les additifs des plastiques de la famille des phtalates sont les plus préoccupant pour la santé.

Sources : Observatoire de la Qualité de l’Environnement Intérieur et Etude sur la pollution des poussières domestiques de UFC Que Choisir